Les classes moyennes seraient-elles les plus touchées par la hausse des prix ?
Selon une étude de l'Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et le cabinet Bona fidé, elles semblent en tout cas particulièrement fragilisées.
Un Français sur cinq dit ainsi être aujourd’hui régulièrement aidé par des proches.

Les classes moyennes sont dans la tourmente. Une enquête de la Fondation Jean Jaurès et du cabinet Bona fidé, menée par l'Ifop et publiée samedi 25 novembre, dresse un état des lieux sur ces catégories de la population, confrontées à un "retour de l'inflation à un niveau inégalé depuis le début des années 1980". Premier enseignement : deux tiers des Français s’autopositionnent dans les classes moyennes, et plus précisément, 78% des CSP+, 76% des professions intermédiaires, 68% des retraités, mais aussi 51% des catégories populaires.

On va partir en vacances moins longtemps, on va réduire les portions alimentaires.
Marie Gariazzo, directrice adjointe du département Opinion de l'Ifop

Cette étude met aussi en lumière le déclassement et la fragilisation qui touchent une partie de cette population. Ainsi, par rapport à septembre 2010 (période économique marquée par la crise de la zone euro), la proportion de Français composant la classe moyenne inférieure a progressé de 9 points, quand celle constituant la classe moyenne véritable régressait d’autant. Au total, ce sont 70% des Français qui déclarent appartenir aux catégories défavorisées et modestes ou à la classe moyenne inférieure, un pourcentage en croissance de 13 points par rapport à 2010.

Et dans le détail, l'enquête de l'Ifop donne des indicateurs du quotidien qui montrent que cette catégorie sociale doit composer avec des arbitrages permanents et de nombreux renoncements. 49% des classes moyennes inférieures (contre 32% des classes moyennes véritables) effectue de fait une "part importante" de ses achats de produits alimentaires et d’entretien dans des enseignes de hard discount. Quasiment la même proportion déclare également renoncer "très souvent" ou "assez souvent" à acheter certains produits ou certaines marques en raison de leur prix. En conséquence, un Français sur cinq (un sur deux au sein des catégories défavorisées, un sur quatre au sein des catégories modestes) dit être aujourd’hui régulièrement aidé par des proches.

Interrogée par LCI, dans la vidéo en tête de cet article, Marie Gariazzo, directrice adjointe du département Opinion de l'Ifop, confirme qu'il y a bien une vigilance sur tous les postes de dépenses. "On va partir en vacances, mais moins longtemps, on va réduire les portions alimentaires, ou ne plus acheter de marques patrimoniales et plutôt des marques distributeurs. Et le fait qu'on soit de plus en plus obligé de contrôler son alimentation, c'est très mal vécu par les classes moyennes inférieures et les catégories défavorisées, avec un sentiment de déclassement social", explique-t-elle.

Les arbitrages et les renoncements se sont également étendus aux sorties et aux vacances. En un peu plus de vingt ans, la part des Français qui ne vont jamais au restaurant est ainsi passée de 8% à 25%. Certains sondés dans cette enquête de l'Ifop montrent que ce renoncement peut même aller plus loin. Plusieurs interviewés disent par exemple "ne plus inviter personne" chez eux, de peur des frais engagés pour la préparation du repas. Et si on les invite, ils sont aussi un certain nombre à dire qu’ils "trouvent une excuse" et déclinent poliment pour ne pas avoir à inviter en retour. 

Par ailleurs, en 2010, 35% des personnes interrogées déclaraient partir tous les ans l'été. Or, cette proportion n'est plus que de 24% aujourd'hui. Dernier chiffre, probablement le plus préoccupant : les Français déclarent cesser de plus en plus de se soigner. Toujours selon cette étude, la proportion de personnes déclarant renoncer souvent ou même de temps en temps, pour des raisons financières, à des soins médicaux est ainsi passée de 23% en 2010 à 30% cette année. 

Selon l'Observatoire des inégalités, les classes moyennes incluent les personnes seules dont les revenus se situent après impôts de 1495 euros à 2 693 euros, et les couples avec enfants touchant entre 2691 euros et 4847 euros.


Virginie FAUROUX

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